http://www.spiritisme.net/index.php/les-articles-les-plus-cliques/29-andre-henrique-spiritisme-et-methodologie
extraits:
L'analyse de la philosophie et de la méthodologie des Sciences avança en 1962 lorsque Thomas S. Kuhn, professeur de Physique s'intéressant à l'histoire et à la philosophie, publia son œuvre magistrale " The Structure of Scientific Revolutions " (La Structure des Révolutions Scientifiques). Kuhn y introduit le concept de paradigme(4) qui, selon lui, caractériserait les interprétations de la Science, et caractérisait la manière dont les scientifiques posaient et résolvaient les problèmes. Cela aggrava le problème posé par Popper : quand les paradigmes changent, la certitude scientifique doit être revue, car de nombreux fondements perdent leur validité.
En 1975, Fritjof Capra publia son livre "Le Tao de la Physique", qui fit l'effet d'une bombe pour le dogmatisme moderne. Il y déclare, à la surprise générale :
" La méthode scientifique de l'abstraction est très efficace et puissante, mais nous devons en payer le prix. Tandis que nous définissons plus précisément nos systèmes conceptuels, que nous en traçons le profil et élaborons des relations de plus en plus rigoureuses, ils se détachent de plus en plus du monde réel. "
La méthode scientifique, tout en permettant à l'homme de manipuler la Nature des choses, l'en éloignait pour le rapprocher des signes de la perception, qui étaient soumis à des lois qui n'existaient peut-être pas dans la Nature. Où était donc cette vérité établie par la Science ?... Ou encore, y aurait-il une vérité ? La Science pouvait-elle la capter ?
Ainsi, Feyerabend considère la multiplicité des approches méthodologiques (" Le seul principe qui n'inhibe pas le progrès est : tout est permis ") comme la meilleure façon de produire une connaissance scientifique, et il ajoute :
" Toutes les théories de la connaissance (scientifique) découlent de la question suivante : qu'est-ce que la connaissance et comment peut-on l'obtenir ? (...) Le résultat, c'est que le contact entre la science et l'épistémologie devient de plus en plus ténu et finalement disparaît totalement. (...) Personne n'admet qu'il puisse y avoir plusieurs formes de connaissance, et qu'il puisse être nécessaire de faire un choix. "
La connaissance scientifique ne serait donc qu'une forme de connaissance. En niant son caractère absolu, Popper, Kuhn et Feyerabend promurent, par une ironie du destin, une démystification de la connaissance scientifique. Cette connaissance est respectable sous beaucoup d'aspects, mais sans l'esprit de système qui prétend tout soumettre à l'étroitesse analytique d'une méthodologie scientifique, qui se base sur des préjugés subjectifs et des convictions personnelles, mais qui, malgré tout, prétend s'imposer avec des airs de vérité universelle. Le point de vue des trois géants de la méthodologie ne laisse pas l'ombre d'un doute sur la situation du savoir scientifique qu'ils considèrent comme une approche parmi d'autres, utilisée par l'homme pour représenter, manipuler et conceptualiser l'univers où il vit.
Allan Kardec declara : " Pour les choses de notoriété, l'opinion des savants fait foi à juste titre, parce qu'ils savent plus et mieux que le vulgaire; mais en fait de principes nouveaux, de choses inconnues, leur manière de voir n'est toujours qu'hypothétique, parce qu'ils ne sont pas plus que d'autres exempts de préjugés; je dirai même que le savant a peut-être plus de préjugés qu'un autre, parce qu'une propension naturelle le porte à tout subordonner au point de vue qu'il a approfondi : le mathématicien ne voit de preuve que dans la démonstration algébrique, le chimiste rapporte tout à l'action des éléments, etc.. Tout homme qui s'est fait une spécialité y cramponne toutes ses idées; sortez-le de là, souvent il déraisonne, parce qu'il veut tout soumettre au même creuset : c'est une conséquence de la faiblesse humaine."
Le point de vue de Kardec est très lucide. Sans prétendre soumettre la connaissance humaine au savoir scientifique, il lui donne un juste crédit, mais sans accepter les étroitesses méthodologiques qu'il imposait au XIX° siècle. Entrevoyant dans le Spiritisme un nouvel ordre de faits et d'idées, il a su comparer et mesurer, pondérer et réfléchir, afin de structurer une pensée progressiste sur la question spirituelle. Depuis Kardec, le monde spirituel et ses relations avec le monde corporel ont été rangés parmi les lois de la nature et soustraits du domaine merveilleux ou surnaturel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire